Réintégrer le gluten en douceur : le parcours de Léa

Aujourd’hui, je vais te parler d’un sujet qui revient constamment lors de mes séances : “Est-ce que je dois arrêter le gluten ?”. La question semble évidente, mais en fait pas tant que ça. Le gluten est au cœur des débats sociaux, scientifiques et médiatiques, oscillant entre rejet, engouement et stigmatisation. Il est devenu le grand méchant de nos assiettes, il est soupçonné de causer ballonnements, fatigue, inconfort digestif et même maux de tête, il a été banni de nombreux régimes alimentaires. Mais est-ce toujours justifié ? Et si on réapprenait à le connaître ? C’est ce qu’a fait Léa. C’est son histoire que je vais te conter pour que tu comprennes les mécanismes et les astuces à mettre en place !

Déjà c’est quoi le gluten ?

Il est indispensable que je t’explique ce qu’est le gluten pour pouvoir comprendre le reste de cet article ! Déjà, le terme “gluten” fait référence aux protéines qui se retrouvent majoritairement dans diverses céréales telles que l'avoine, l'orge, le seigle, le blé et ses produits dérivés (comme l'épeautre et le kamut). On peut citer, parmi ces protéines, les gliadines provenant du blé et de l'épeautre, les hordéines issues de l'orge ainsi que les sécalines dérivées du seigle. On trouve le gluten aujourd’hui un peu partout, tels que les pains, les pâtes, les gâteaux et même dans certains aliments transformés comme les sauces, les glaces et les soupes. 

Ce petit laïus est fini ! J’espère que tu ne t’es pas endormi, parce que la suite devient un peu plus intéressante.

Pourquoi Léa l’a supprimée de son alimentation ?

Léa, comme beaucoup de personnes, souffrait de maux digestifs : ventre gonflé, douleurs après les repas, fatigue chronique. Elle entend parler du gluten, une protéine présente dans le blé, le seigle et l’orge. Elle se renseigne sur les symptômes d’une potentielle allergie ou d’une intolérance, voici ce qui ressort :

  • Ballonnements

  • Flatulences

  • Diarrhées

  • Constipation

  • Crampes intestinales

  • Fatigue

  • Douleurs abdominales

  • Fatigue

Léa remarque qu’elle coche pratiquement toute les cases d’une intolérance. Elle décide de l’éliminer totalement de son alimentation. Et au début… ça marche ! Elle se sent plus légère, moins ballonnée. Mais au fil des semaines, les symptômes reviennent : digestion lente, énergie en baisse, inconfort persistant.

C’est là qu’un doute s’installe : et si le gluten n’était pas l’unique responsable ?

Le gluten d’hier et d’aujourd’hui : ce qui a changé

Il est important de comprendre que le gluten que nous consommons aujourd’hui n’est pas le même qu’il y a des siècles, notamment celui du Moyen Âge. Tu dois penser que ça paraît logique et que ça doit être lié à la crise environnementale ou qu’il a muté pour s’adapter. Eh bah pas vraiment, l’explication de son changement est bien plus récente que ça, allez je t’explique !

Au Moyen Âge, les blés cultivés étaient principalement des variétés anciennes (blé amidonnier, engrain, épeautre). Ils contenaient moins de gluten et le rendement était plus faible également. De ce fait, le pain était souvent plus dense, moins aéré, car les variétés anciennes contenaient moins de gluten, ce qui limitait l’élasticité de la pâte. Mais les blés utilisés étaient adaptés aux terroirs locaux, donc il y avait une agriculture peu intensive.

Mais pourquoi ça a changé ?

Cela à commencé à changer après la 2nde Guerre Mondiale, dont l’objectif principal est de nourrir la population. Nous sommes dans les années 1950-1960, on doit ce changement à deux hommes, William Gaud qui a inventé le terme "révolution verte," et Norman Borlaug est le « père de la révolution verte ». Car cette période, se nomme la Révolution Verte. Quel est son but ? C’est la modification génétique végétale du blé pour le rendre plus résistants aux maladies mais également accroître son rendement. Cela a commencé au Mexique qui a vu sa production augmentée à un point, où il y a plus de quantité de blé que ce dont ses habitants avaient besoin grâce à la combinaison des variétés de blé de Borlaug. Puis cela s’est exporté dans les autres pays du monde. De ce fait, ce changement a diminué la biodiversité mais a augmenté la teneur des protéines de gluten, ce qui pourrait être lié à la hausse des cas d’intolérances et de maladies cœliaques observée depuis la seconde moitié du XXe siècle. Cependant, cela a permis de nourrir de nombreux pays dont les populations étaient dans un contexte de famine.

Ok, mais Léa alors ?

Léa n’avait pas conscience de tout ça avant ses recherches. Alors qu’est-ce qu’il l’a poussé à penser que c’était le gluten le fautif de ses maux ? La réponse est le marketing ! Tu dois savoir que le “sans gluten” a eu sa période dite à la mode (une phase que je déteste, sois-dis en passant) à partir des années 2010. Les célébrités et les influenceurs ont joué un rôle clé dans cette popularisation, en promouvant les aliments sans gluten comme un choix de vie plus sain. Les livres, les blogs et les émissions ont également présenté le gluten comme un « poison » sans justification médicale avérée.

Tu dois te dire que c’est passé, plus personne ne pense comme ça…

Détrompe-toi ! Une étude datant de Juillet 2019 démontre que dans la population française, 10,3 % des adultes excluent le gluten (1,7 % totalement), souvent pour des raisons de bien-être physique ou la conviction que c'est plus sain, et non pour un diagnostic médical. Puis les derniers chiffres du marché sans gluten sont optimistes sur les revenus : le marché mondial du sans gluten est évalué à 15 milliards d’euros en 2018 et devrait en atteindre 36 milliards en 2037.

Peut-être que plus de personnes sont atteintes de la maladie cœliaque ?

Le raisonnement est bon, surtout avec les explications sur le paragraphe de la Révolution Verte. Alors, oui, il y a eu une augmentation, par exemple aux États-Unis, le nombre des patients atteints de la maladie cœliaque est particulièrement bien documenté, on serait passé de 0,2% de malades vers 1950 à 1% aujourd’hui. Néanmoins, cela ne reste absolument pas suffisant par apport aux estimations du marché sur ce secteur.

Nous pouvons donc assurer que Léa a été influencée par le “sans gluten”.

Gluten : vrai coupable ou fausse piste ?

En creusant un peu plus, Léa comprend que ce n’est pas forcément le gluten qui est en cause mais la manière dont elle le consommait. Le problème ne venait pas du gluten en lui-même, mais des produits transformés qui en contiennent : pizzas industrielles, pains blancs, biscuits sucrés. En supprimant le gluten, Léa avait aussi éliminé tout un tas de produits ultra-transformés. Sa digestion allait mieux, mais pas parce qu’elle évitait le gluten. Plutôt parce qu’elle mangeait plus sainement. Il faut comprendre que le gluten n’est pas notre ennemi si nous ne sommes pas allergiques ou intolérant. Si on le consomme correctement et dans des formes plus assimilables, notre digestion se portera mieux. Je te donne les quelques astuces de Léa dans son processus de réintégration :

  • Privilégier la fermentation longue (pain au levain) : Le gluten est une protéine résistante, parfois difficile à dégrader. Grâce à la fermentation longue, comme celle utilisée pour le pain au levain, les enzymes et bactéries prédigèrent partiellement le gluten, le rendant plus digeste. Résultat : moins de ballonnements, meilleure assimilation, et un vrai plaisir gustatif.

  • Miser sur les céréales complètes et varier les sources : Léa choisit des céréales complètes (blé entier, seigle complet, orge perlé) plutôt que des farines raffinées. Ces aliments sont riches en fibres, vitamines B, fer et magnésium, des nutriments essentiels pour la digestion et le bien-être intestinal. Elle varie aussi ses sources de glucides : patates douces, légumineuses, riz complet… pour éviter une surcharge de gluten.

  • Envisager les enzymes digestives : Pour les personnes sensibles, il existe des compléments alimentaires contenant des enzymes spécifiques qui vont venir faciliter la dégradation du gluten dans l’estomac. Léa les utilise ponctuellement, avant un repas contenant beaucoup de gluten, pour améliorer sa tolérance digestive.

  • Soutenir la flore intestinale : Une flore intestinale saine est essentielle pour bien digérer. Léa introduit régulièrement des aliments fermentés dans ses repas : yaourt, kéfir, choucroute, kimchi… Ils sont considérés comme des probiotiques naturels réduisant l’inflammation intestinale et soutennant la digestion.

Néanmoins, si tu as un doute sur une allergie ou d’une intolérance au gluten, n’hésite surtout pas à aller voir ton médecin généraliste. Dans le cadre de Léa, ses analyses sont revenues négatives sur une potentielle allergie.

Manger avec conscience, plus que par restriction

Aujourd’hui, Léa a retrouvé un meilleur confort digestif sans bannir aucun aliment. Elle a compris que l’écoute de son corps, la qualité des aliments, le rythme des repas et la diversité de son alimentation comptent autant (voire plus) que les évictions strictes. Elle sait aussi que son problème digestif, avec les symptômes ne sont pas liés qu’à son alimentation, elle va devoir investiguer avec un professionnel de santé, un naturopathe… pour comprendre ce qui la dérange.

Le gluten n’est pas un ennemi. C’est la manière dont on le consomme qui fait toute la différence. Et sache, qu’aucun aliment n’est à restreindre si tu n’es ni allergique, ni intolérant.

Marine Flamant, Naturopathe

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